Le jour viendra.
Ce sera sensible et soudain,
Comme une puberté de l'esprit ;
Cela te surprendra peut-être en promenade
Et te parviendra dans un souffle d’air.
Ou bien ce te viendra dans une heure de honte
Et te fera tout oublier d'autour de toi.
Ce pourra t'assaillir à table
Ou t'arrêter pendant ta vie entre les hommes
Ou bien te visiter dans ton sommeil et t'éveiller.
Quoi qu'il en soit, je te prédis
Un rire nouveau sur les lèvres.
Et tu te diras : le jour est venu.
Aussitôt tu te sentiras de la puissance
Et tu marcheras, semblant bien le même
Et si différent.
Tu sauras que rien des choses qui passent
Ne peut plus t'atteindre ni te blesser.
Tu sauras que la loi qui te voulait tremblant
Te veut aussi robuste et sans doute invincible.
Tu te réjouiras de tendre les mains
Et de saisir des volontés
Pour arrêter leur vol, pour les tordre ou les rompre.
Tu seras, par instant, certain que rien au monde
Ne peut te faire plus petit que tu ne veux
Et que rien des malheurs communs
N'altérera ta transparence et ta candeur.
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