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Page:NRF 6.djvu/36

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Adieu au compagnon de voyage

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Tu t’en vas ! Et n est-ce pas dire que tu meurs ?
Faut-il se déguiser les choses importantes
Ou forcer vraiment les mots décisifs ?
Tu t’en vas ! fe rCose pas dire adieu.

Suis-je un lâche, ou bien est-ce la politesse ?
Est-ce la langue ou le cœur qui se refuse
A retrouver ces formules dont on use
Si bravement quand on ne s’entend pas parler ?

Tu t’en vas et tu fus pour quelques jours
Une patrie flottante comme un bateau...
Nous allons sentir l'exil, tout à l'heure,
S’élargir entre nous deux, sur les continents.

Passées ces quelques minutes douloureuses,
Chacun suivant avec soin, pas à pas, son fil,
Nous serons chacun un... et les choses possibles
Ne semblent pas devoir nous réunir jamais.

Nous faisons tant d’honneur à ces choses possibles
Et nous sommes si fiers d'une direction
Que j’entends, plus fort de seconde en seconde,
Tonner l'adieu dans un ciel noir tourmenté.

O discorde ! Et, bien que tu parles encore.
Je te sens ruisseler de moi comme des pleurs,
Je te sens me désoccuper en désordre
Et, déjà, je ne t’ai donc jamais connu.