O déchirement ! Je te parle moi-même,
Mais tu n’es qu'un souvenir attardé.
— Une âme qui na pas de chair contemporaine
Donne de vigoureux coups d'aile, que j'entends.
Nous nous parlons… Mais je ne te vois plus, sans doute,
Toi qui n'as pas existé de tout temps,
Toi qui n'existes plus, toi que je quitte,
Toi pour qui je ne serai plus que des paroles.
O courage ravageur !
Peut-être suffirait-il
De se regarder avec étonnement,
De se tourner le dos sans rien dire,
Et de s en aller, chacun pensant ailleurs,
Les yeux ouverts, regardant bien où vont les pas ?
Cependant, ces yeux sont brillants de larmes ;
Nos pensées sont fixées, obstinément.
Sur le mot d'adieu, qui les meurtrit, qui les blesse.
Sur ce mot trop grand pour un gosier d’homme.
Nous remplissons le temps qui reste de présence
Et, parce qu’ils font cas d’un possible chemin
Qui nous mettrait face à face encor, nos propos
S’efforcent de fêler de dures certitudes.