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NOTES 495

éditait. Ce court article est, à mes yeux, si beau, si vrai, si plein de sympathie, sans être le moins du monde excessif, que je me permettrai d'en donner ici quelques brefs extraits, et surtout parce que je pense qu'ils peuvent être nouveaux pour un grand nombre des lecteurs de cette revue. L'article fut publié dans le Cornhill Magazine en Février 1864. Charles Dickens écrit : " Nous avions nos divergences d'opinion. Pour moi, je pensais qu'il avait trop de tendance à feindre im manque de ferveur, et qu'il se faisait un jeu de mésestimer son art, ce qui nuisait à la faculté artistique dont il était dépositaire. Mais quand nous abordions ce sujet, ce n'était jamais fort grave- ment, et ma mémoire garde un \nvant souvenir de la façon dont il tortillait ses deux mains dans ses cheveux, allant et venant en frappant du pied, et riant, pour mettre fin à la dis- cussion. " Et plus loin : " Il avait un goût très vif pour les jeunes garçons, et une excellente façon de les traiter. Je me rappelle qu'il me demanda une fois, avec une gravité fantas- tistique, au retour d'un visite à Eton où se trouvait alors mon fils aîné, si j'étais comme lui et si je pouvais jamais voir un garçon sans avoir aussitôt envie de lui donner un souverain ; et c'est à cela que je pensais en regardant au fond de sa tombe, après qu'il y fut déposé, car j'y regardais par dessus l'épaule d'un enfant pour lequel il a eu beaucoup de bonté.

Ce sont là de légers souvenirs, mais c'est aux petites choses familières, évocatrices d'une voix, d'un regard, d'une conte- nance à jamais, à jamais abolis sur cette terre, que l'esprit se reporte tout d'abord en un fiévreux sanglot. Et les choses plus grandes qu'on sait de lui sur la chaleur de ses afFections, sa tranquille endurance, son soucieux altruisme et la généro- sité de son geste, ne doivent pas être dites.

La dernière ligne qu'il écrivit et la dernière épreuve qu'il corrigea sont parmi les papiers au milieu desquels je me suis retrouvé, plein de chagrin. L'état du manuscrit sur lequel la mort arrêta sa main montre qu'il l'avait porté avec lui et sou- vent tiré de sa poche, ici ou là, pour de patientes révisions et surcharges. Les derniers mots qu'il corrigea sur la feuille imprimée furent " Et mon cœur vibra d'une exquise palpita-

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