Aller au contenu

Page:NRF 6.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans de vieilles taches suspectes. Et, de ces murs, jadis bleus, verts ou jaunes, qu’encadraient les reliefs des cloisons transversales abattues, émanait une haleine opiniâtre et paresseuse qu’aucun vent encore n’avait pu dissiper. Là s’attardaient les heures du jour, les maladies, les exhalaisons, les sueurs. Elle était là, la longue et fade odeur des nourrissons négligés, l’angoisse des petits écoliers, la moiteur des pubertés… Et tout ce qui montait en buée du gouffre de la rue, tout ce qui s’infiltrait du toit avec la pluie, qui ne tombe jamais pure sur les villes… J’ai dit, n’est-ce pas, qu’on avait démoli tous les murs, à l’exception de ce dernier. C’est toujours de celui-là que je parle. On va penser que je suis resté longtemps devant. Mais je jure que je me suis mis à courir aussitôt que je l’eus reconnu. Car le terrible, c’est que je l’ai reconnu. Tout ceci je le reconnais ici ; et c’est pourquoi cela entre en moi tout de suite ; comme chez soi.

Après quoi je me sentis quelque peu épuisé ; je dirai même atteint ; aussi était ce trop pour moi que encore lui dut m’attendre. Il attendait dans la petite crémerie où je voulais manger deux œufs sur le plat ; j’avais faim ; j’étais resté sans rien manger de tout le jour.

Mais à présent je ne pouvais non plus rien prendre. Mes œufs n’étaient pas prêts que j’étais de nouveau poussé dans les rues qui coulaient vers