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NOTES 813

difficilement encore que le Mystère de la Charité où du moins deux dialogues venaient donner au lecteur impatient la satisfaction de penser qu^il se passait quelque chose. Tout entier le nouveau volume est un monologue de Madame Gervaise. La petite Jeanne écoute ce que la sainte femme lui dit de V Espérance. Cette louange est toute d^une venue, d'une seule coulée. Les thèmes n^y sont pas très nombreux y mais ils se combinent, se déforment, se modulent pour réapparaître quelques pages plus loin, toujours les mêmes et pourtant neufs, rajeunis, plus puissants ; on ne sait quelle partie préférer en cette symphonie. Peut- être est-ce r hymne au sommeil et a la nuit qui termine le livre et où la sensibilité chrétienne vient recouvrir, humaniser une antique imagi- nation cosmique qui semble remonter à Hésiode ; ou peut-être P histoire de ce bûcheron qui coufie ses enfants à la Sainte Vierge, et dont voici un fragment:

Il pense à ses enfants qu'il a mis particulièrement sous la

protection de la Sainte Vierge. Un jour qu'ils étaient malades. Et qu'il avait eu grand'peur. Il pense encore en frémissant à ce jour-là. Qu'il avait eu si peur. Pour eux et pour lui. Parce qu'ils étaient malades. Il en avait tremblé dans sa peau. A l'idée seulement qu'ils étaient malades. Il avait bien compris qu'il ne pouvait pas vivre comme

cela. Avec des enfants malades. Et sa femme qui avait tellement peur. Si affreusement. Qu'elle avait le regard fixe en dedans et le front barré et

qu'elle ne disait plus un mot. Comme une bête qui a mal.

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