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JULIETTE LA JOLIE 1033

II était quatre heures de l'après-midi. Une minute après, M™^ Frébault vit Cougny et un jeune homme qui marchaient derrière elles à peu de distance. Chacun d'eux fumait un gros cigare.

— Ah ! c'est le fameux cousin ! se dit-elle. Ça va encore être du joli ! II ne manquait plus que ça !

Elle-même sortait. Elle ferma la porte, et accrocha la clef derrière un des volets de la fenêtre. Malins seraient les voleurs s'ils s'avisaient de la trouver là.

Cette vieille bête de Cougny paraissait ravi. Il riait de si bon cœur qu'il fut obligé de s'arrêter pour se taper sur la cuisse, et qu'il laissa rouler son cigare dans la poussière. Marcelle et Juliette se retournèrent, s'arrê- tèrent à leur tour, mais, sa crise passée, il se remit en marche, laissant là son cigare d'où montait un filet de fumée. M™^ Frébault passa derrière eux, lèvres pincées, tête haute, toujours en honnête femme qui a le droit, elle, d'aller partout sans que personne puisse y trouver à dire. Elle tenait en évidence une enveloppe de lettre qui portait un timbre bizarre et ne pouvait venir que du " Couisslan ". Toute la matinée et jusqu'à ces quatre heures de l'après-midi elle avait guetté M™' Durand. Mais M™*^ Durand, aujourd'hui, n'avait sans doute pas besoin de persil. Alors M""' Frébault se décidait à aller la voir. Elle arriva dans la boutique, au milieu des casquettes et des chapeaux de toutes formes, de toutes couleurs. M. Durand — car il existait un M. Durand, — était occupé à mettre sur la forme un de ses nombreux chapeaux. M™* Durand se tenait toujours à l'entrée, près de la devanture, afin de voir passer le plus possible de monde.

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