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I054 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'esprits, ce qu'on n'avait point vu depuis le symbolisme et ce n'est pas faire tort à tant d'autres artistes nobles et curieux, qui eux œuvrent dans la solitude, sans prendre appui que sur eux- mêmes, que de reconnaître hautement l'importance particulière du groupe de V Anthologie de r Effort. Voici Vildrac, Duhamel, Chennevière, voici Spire, Romains, Arcos, voici Aliès, Martinet, Georges Périn, voici ce pauvre Henri Franck. Ils sont divers, et tous un peu semblables ; on sent qu'ils communient dans les mêmes admirations et qu'ils respirent le même air. Mais j'attendrai une autre occasion de les peindre dans leurs diffé- rences, d'autant que tous n'ont pas livré ici leurs meilleurs vers. Dans cette anthologie c'est leur ressemblance qui m'inté- resse, c'est la source commune de leur émotion. Ne disons pas " unanimisme " ; le mot, en toute rigueur, ne saurait désigner que l'esthétique de Romains ; adoptons le mot " whitma- nisme " ; il offre l'avantage de préciser l'esprit et l'origine de cet idéal lyrique nouveau ; et en partant des Feuilles d^Herbes nous ne risquons pas de nous égarer. Au reste le plus conscient et le moins spécialisé des jeunes poètes whitmanlens, M. Georges Duhamel, en même temps qu'il réunit ses derniers poèmes sous le titre de Compagnons (Edition de la Nouvelle Revue Française), rassemble, chez Figuière, quelques Propos critiques (\m confirment le point de vue que nous prêtons à ses amis. Il cite le mot de Charles-Louis Philippe : " Maintenant il faut des barbares ", il le fait sien, il trouve pour le commenter quelques formules heureuses ; ' elles nous aideront singulièrement dans notre recherche.

11 n'est plus temps pour nous de découvrir Whitman ; il a nourri notre jeunesse. Au même moment que Verhaeren nous dévoilait, après Zola, la splendeur épique des foules, que Vielé-

' " S'il est indispensable d'être bien averti des choses de son temps et nourri de la substance du passé, il faut des yeux neufs pour regarder autour de soi, des accents neufs et délivrés de tout pour dire ce qu'on a vu. "

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