Il faut d’abord distinguer la sincérité envers autrui de la sincérité envers soi-même. Nous laisserons de côté la première. Telle qu’on l’entend dans le monde, elle est trop facile. (C’est sans doute pourquoi on en a fait une vertu). Elle consiste à ne jamais avouer de sentiments que l’interlocuteur n’ait pu prévoir ; un homme manque de sincérité envers nous, lorsque les pensées qu’il nous montre ne sont pas celles que nous aurions à sa place. — Telle qu’il la faut entendre, la sincérité envers autrui s’appelle la confession. Mais à ce mot tant d’idées s’éveillent, et si graves, qu’elles demanderaient, pour se développer, tout un livre.
I
La sincérité envers soi-même est une vertu dangereuse. On ne peut pas la conseiller ; elle ne rend pas un homme plus sociable ; elle ne le fait pas bienvenir de ses semblables ; elle n’est pas un