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ses bonnes dispositions. Gardons-nous en bien ! Puisque nous avons raison, ne le laissons pas voir ! Faisons-lui un visage hargneux, agressif 1 Que l’œil en lui ne découvre rien que d’insultant ! Mettons en avant tout ce que sa nouveauté a de plus rugueux ! Qu’il soit si repoussant que nos bons spectateurs ne puissent s’empêcher de le mal comprendre et de le méconnaître ! Composons notre panneau de façon qu’il leur soit impossible de ne pas donner dedans ! Après, nous leur montrerons que rien n’était plus facile à comprendre et qu’ils n’ont été que des imbéciles. "

Ce qui me retient de dire aux Cubistes tout le bien que je pense, non de leurs œuvres, mais de leur tentative, c’est justement que je sens qu’ils désirent trop peu me l’entendre dire. Récemment, dans les Bandeaux d'Or, M. Gleizes constatait avec une satisfaction visible et une sorte de triomphe que ses compagnons n’avaient encore trouvé personne pour les prendre au sérieux.

Tous les grands maîtres, me diront les Cubistes, ont commencé par choquer. Sans doute. Mais d’abord ils ne le cherchaient pas. Ils en étaient même désolés ; ils s’en indignaient ; ils souffraient des plaisanteries. Loin de s’appliquer à être étonnants, ils n’arrivaient pas à comprendre par quoi ils étonnaient. Ce n’était pas eux, mais à leur insu leur génie qui blessait le public. Leur tableau leur semblait tout simple, tout évident. (Et il l’était. Mais rien n’est plus aveuglant que l’évidence.)

De plus il ne suffit pas de choquer pour être un grand maître. J. R.

LECTURES

M. Francis Jammes vient de faire paraître le second volume de ses Géorgiques Chrétiennes (Mercure de France). Nous avons, ici même, cité d’importants fragments des premiers chants.