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Page:NRF 7.djvu/17

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mon aise, obscurément et seul. Car j’ai appris à m’aviser de tout. Contre l’ignorance on peut combattre ; mais comment s’empêcher de savoir ? La conscience est quelque chose qui revient toujours. — Elle se loge aux endroits les plus inattendus ; elle se perche parfois si bizarrement qu’on ne pense pas à l’apercevoir et que tout à coup on la croit disparue : enfin je vais être vraiment déchiré ! Mais comment n’ai-je pas encore remarqué ce grain de connaissance, cette imperceptible raillerie étouffée dans un coin de mon esprit ? Elle ne dit rien ; il lui suffit de se taire ; elle a raison de moi sans bouger.

À ce premier danger de la sincérité je peux échapper par la violence. Il ne faut pas que je tienne compte de ce savoir secret. Parce que j’y assiste, le spectacle en est-il moins réel ? L’homme sincère est toujours un peu plus vrai qu’il ne le pense. Il se voit, mais il est ce qu’il se voit être. Ô division intérieure, ô scrupules interminables ! Tout de même je n’invente rien, tout de même me voici bien coupable et triste, et ce visage brûlant de honte, comment serait-il composé ?

Mais si j’évite ce premier danger, un autre me guette dont je me débarrasserai moins facilement. Je l’appellerai le danger de l’intégrité de soi.