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l66 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

verres de gin. Au besoin, ils portaient ta santé. Autour d'eux, il y avait des voleurs, des rôdeurs, des coupeurs de jarrets et des coupeurs de bourses. C'était comme un monde que tu entrevoyais pour la première fois. Mais, au bout de cela, après cette révélation, il y avait ta ruine et ta douleur, de Foë !

Aussi, pourquoi être allé à la guerre ? Pourquoi avoir perdu ton temps et ta pensée dans la poli- tique ? Pourquoi avoir veillé les soirs et les nuits à imaginer des récits singuliers, à écrire des décla- rations, à rédiger de belles protestations dans tes pamphlets ? Désormais tu étais triste, abattu ; ta femme et tes enfants étaient affamés et malades. Toi tu avais vieilli, tu étais ruiné !

Alors vinrent les créanciers. Ils tenaient de durs papiers entre leurs mains. Ils nommaient la loi, tu -sais cette loi à double visage si accommodante pour les riches et si pesante pour les misérables. Tu devais payer, payer, de Foë ! Et pourtant, les choses en étaient arrivées au point que tu n'avais plus une seule guinée chez toi. Il en est qui par- lèrent alors de t'incarcérer pour dettes, de te jeter dans les cachots de Fleet-prison 1 Toi qui avais entendu dire ce qu'était cette geôle hideuse, malgré tout ton courage — à ce seul nom — tu frisson- nas, pauvre Daniel 1 Mais, la prison, ce ne fut pas pour cette fois-là encore. A cet instant ce fut seule- ment la faillite ; il te fallut signer des arrange-

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