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poèmes
219


Vous étiez à l’affût du secret qui compose
Le dessin d’un rameau ou l’éclat d’une fleur.
Vous induisiez mon âme à la belle prière
Devant tout ce qui reste ardent, vivace, et pur,
Et les pois de senteur et les roses trémières
Ornaient, comme un autel, la blancheur de mes murs.


Et vous alliez vers les hommes des autres plaines
Avec un émoi simple et doux,
Pour découvrir sous leurs paupières
Le même feu qui s’attisait en vous.


Et vous alliez encor vers les hommes des villes
Dont l’œuvre formidable et tragique mutile —
Pour forger l’avenir — les monts et les forêts ;
Des pleurs sourdaient en vous, avec d’anciens regrets,
Mais la force abondante et dûment asservie
Aux calculs merveilleux et précis des cerveaux
Vous semblait provoquer le miracle nouveau
D’où surgirait, plus vaste et plus sûre, la vie.


Et vous alliez toujours, et vous alliez encor
— Lorsque la nuit d’hiver éclairait ses mystères —
Dieu sait par quels chemins de ténèbres et d’or
Vers les feux bienveillants dont s’exaltait la terre ;
Et vous cherchiez, là-haut, la plus humble lueur,
L’astre le plus perdu qu’entraînaient d’autres mondes
Pour lui vouer soudain une tendresse profonde
Par besoin de ferveur.