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LA FÊTE ARABE 427

affreux m'entraînait vers ces maisons blanches qui m'avaient étonné de loin par leur délabrement, et vers le vieux petit village dont le souvenir éblouissant m'avait ramené dans ces lieux.

Un village ? ce n'était plus un village, mais une butte informe, un amas de terres éboulées. J'y retrouvais encore le silence, mais c'était bien, cette fois, le silence de la mort. Pas une âme qui vive dans ces masures défaites devenues le domaine du scorpion et du lézard. Dans les ruelles, sous les passages, plus de burnous étendus. Les mouches elles- mêmes avaient déserté ces lieux que n'habitaient plus les hommes. Qu'étaient devenus les anciens hôtes de ces maisons détruites ? les marchands dans leurs boutiques, le maître d'école à lunettes, les caravaniers et leurs bêtes, les sorcières dévoilées, les juives au teint pâle, les femmes en habits de fête ? Qu'étaient devenus ces artisans, si appliqués à leurs petits travaux dans la pénombre des échoppes r Où était partie la gazelle ? oix s'était envolé le geai bleu ? et les enfants, ces petits garçons si vifs, d'une grâce unique au monde r et leurs sœurs si charmantes, si ingénues et si coquettes? et les Nailiat aux colliers d'or?... Je crus reconnaître leur rue, mais elles aussi, elles avaient fui avec leur élégance barbare ; leurs cases étaient abandon- nées, et dans l'ombre où elles faisaient leur toilette, de petits ânes, dont c'était l'écurie, me regardaient arec leurs beaux yeux doux.

Au-dessus de moi, sur le double sommet de la colline, j'apercevais nettement la ville bâtie par le Khalife. Elle m'apparaissait maintenant aussi ruinée que le village. Ce n'étaient que lézardes, grands pans de murs blanchis que l'eau avait souillés de longues raies jaunâtres, minarets

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