Page:NRF 7.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE RAIL 43

au buste sauf à leur abri. Les jambes piégées tenaient. La figure nettoyée à l'ouate des médecins apparut intacte et incolore. Le blessé donna un râle. Les déblayeurs hési- taient, cherchant appui sans le toucher. Deux crics tour- nèrent lentement. L'homme hurla, ses jambes suivaient le fer soulevé. Les ouvriers pâlis arrêtaient les manivelles.

Mais la bouche grande ouverte, s'emplit de silence. Au cliquetis accéléré des rochets, les crémaillères mon- taient au dernier cran. L'homme tiré sur une planche, comme le pain d'un four, vint avec la jambe droite broyée, la pointe du pied tournée à la place du talon. La jambe gauche manquait au genou. Vite enlevé, il achevait de mourir.

On voyait enfin le charbon du tender. L'équipe de déraillement du dépôt, éreintée, donnait un emballage imprudent, déconseillé par l'inspecteur de la Traction, M. Griaux :

— Vous allez vous blesser. Otez-vous de là.

Ils n'abandonnaient pas, forçant à dix, autant qui y pouvaient toucher, sous les tôles dernières, dont le retour les eût sabrés. Leurs mains ensanglantées de coupures taupinèrent dans le poussier d'où sortait un pied et ils eurent le chauffeur, écrasé par 3 mille kilogs de com- bustible.

Aux ouvriers lassés, la tête encore nue derrière l'en- lèvement du cadavre, M. Templemars demanda :

— Et le mécanicien ?

Un homme se désigna, à figure noire, ornée sur la joue droite d'un ruban de sang. Son compagnon dégagé, il acceptait le repos et le dit :

— On causera plus tard, je vais faire arranger ça,

�� �