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REVUES S^3

la Gazette de Lausanne^ fait avec éloquence le procès de M™* de Ségur. Il écrit :

" Dans les histoires de M™^ de Ségur, les enfants, s'ils n'ont pas une bonne nature, m'ont tout l'air de ne pouvoir appren- dre qu'une chose : la dissimulation... Il y a du sadisme dans ces anecdotes, je ne sais quoi de cruel, de vilain, de bas, de pauvre... On y fouette trop souvent, c'est un aveu... On y humilie aussi trop souvent. Le type sj-mpathique, le héros s'y définit sous les traits d'un petit garçon trop habile ; bon élève, certes, mais à la manière de qui s'arrange toujours pour être en règle, le roublard, quoi !..."

Et M. Francis de Miomandre extrait d'un petit ouvrage du poète Jean Dominique, Les Enfants des Livresy un excellent passage que nous produisons avec plaisir :

" Mais il s'en est trouvé (des faiseurs de livres) qui ont passé leur existence à composer pour les enfants des poisons plus subtils et d'un effet plus sûr ; ils ont écrit pour eux le feuilleton sentimental, vulgaire et bête, la comédie aux adroites ficelles où l'on retrouve sur la scène, avec une excitation folle, un délire de convoitise, le jeu sadique des mères fouettant les enfants, des enfants riant des infirmes, des domestiques humi- liés devant une assemblée nombreuse, et des simples d'esprit ridiculisés par des esprits forts dont le langage fait rougir.

Je l'ai entendu dire ou je l'ai lu : on élève en France un monument à la mémoire de M™* de Ségur, née Rostopchine. Mais moi, je songe et je vous crie : qu'on brûle dans chaque maison l'horrible amas de tant de platitudes, de sottises et de laideurs, que l'on purifie l'atmosphère partout où ce nom trop connu aura sonné près de celui de nos enfants, et qu'on répande au lieu du sacrifice, comme une libation expiatoire, la poésie exquise d'Andersen. "

��La Revue Hebdomadaire^ dans sa revue " des revues mon-

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