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QUAND LE PRINTEMPS REVIENDRA 591

immémoriale suite d'enfances rêveuses et passion- nées a mis son ardeur, sa complaisance et sa langueur de vivre,

Et qui te les faisait reprendre à ton tour sur un ton si bas, si bas qu'ils n'exprimaient déjà plus par ta bouche que l'inexprimable monotonie des jours, et toujours transposés, — ah ! toujours ! — selon le mode mineur.

XVI

Tant d'amour avait veillé sur toi, et, pour mieux te charmer, cet amour s'était fait mélodie ! Il prenait sa source si profond et si haut, qu'il ne pouvait se manifester que par le chant.

Et par ces indistinctes mesures de paroles sans suite que les nouvelles accouchées, tenant dans leur main brûlante une main plus frémissante et plus faible qu'un oiseau pris au piège, improvisent sur des thèmes de leur invention, mais toujours, — ah ! toujours ! — sur le nombre le plus sublime de l'âme.

Comme pour en faire une armure à leur nou- veau-né contre les périls de la vie et l'incertitude du lendemain, et surtout s'enivrer elles-mêmes d'une aussi divine et inguérissable tristesse.

XVII

Non, trop d'amour t'avait marqué dès cette

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