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6o6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sa venue, fait partir en l'air les deux coups du mauvais fusil qu'il portait depuis Ghardaïa en travers de sa selle. La vieille Bédouine, qui se tient aux abords de l'oasis et qui gagne sa vie à courir au devant du voyageur assoiffé pour lui olïrir de l'eau fraîche, vint à notre rencontre avec son outre en peau de bouc et sa tasse d'alfa goudronné. Un quart d'heure plus tard, nos bêtes escaladaient des raidillons plus étroits, plus abrupts, plus noirs, pliis abrités de tunnels et de voûtes que ceux de l'ancienne Ben Nezouh. Mon Mzabite me conduisait au logis de Si En Naçeur, personnage bien connu pour son hospitalité de tous ceux qui ont passé dans le Sud.

A la porte, un serviteur nègre, qui ronflait bruyam- ment et que nous éveillâmes, courut avertir son maître qu'un hôte lui était arrivé. Presqu'aussitôt je vis venir à moi un homme corpulent, coiffé du turban plat, vêtu d'une simple gandourah, et qui agitait un éventail devant sa large figure souriante. Il me souhaita la bienvenue en arabe, et mieux encore son aimable sourire et sa poignée de main m'exprimaient son contentement de me recevoir chez lui. Mon guide lui dit en quelques mots le but de ma visite. Un jeune homme aux yeux magnifiques, qui sous ses vêtements de laine donnait tout à fait l'impression d'un moine de chez nous, s'était avancé sur le seuil, et dans un excellent français :

— Oui, Monsieur, me dit-il, le Docteur est ici. Voici déjà quinze jours qu'il est l'hôte de Si En Naçeur. Mais en ce moment il est sorti, il doit être dans les jardins.

On me fit entrer dans une pièce à colonnes carrées, exquise de fraîcheur, qui recevait le jour par une ouver- ture du plafond, comme autrefois la cuisine dans la maison

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