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D ADDIS-ABEBA A DJIBOUTI 795

mencent à glapir. On les voit autour de nous passer comme des ombres, se défilant entre les touffes d'herbes et les termitières. Je suis trop éreinté pour leur envoyer un coup de fusil. Ce n'est pas sans effort qu'enfin je fais les quelques pas qui me séparent de la tente. J'en laisse les portières grandes ouvertes, malgré l'entêtant parfum de ces grappes roses attachées, comme des pom- pons, aux troncs nus du bosquet. Un silence accablé pèse, ce soir, sur le campement. Les hommes ne parlent pas : étendus sur la terre chaude, ils cuvent comme moi leur fatigue, leur torpeur. On n'entend même pas le bruit de mâchoire des mulets qui, n'ayant rien à mettre sous la dent, demeurent sans bouger, engourdis et ne se décidant pas à plier les jarrets pour dormir.

André RLri'TERs.

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