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8o8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

se déranger. Tu seras mieux avec nous que tout seul chez toi. Ça te distraira.

On venait d'allumer la lampe. Le café fumait dans les tasses. La maison des Gallois était la maison du bon Dieu. Cougny s'assit et, cérémonieux, demanda à " ces dames " la permission de fumer une pipe. Il dit à Juliette :

— Toi, il faut bien que tu t'habitues. Bientôt tu vas être bonne à marier. Et, dame, tu en verras de raides !

Il éclata de rire. Certainement, à ces réunions des soirs d'été, Juliette en entendait un peu de toutes les couleurs. Elle riait comme tout le monde, mais sans que la tranquillité de sa jeune âme en fût troublée. Cougny parlait d'aller bientôt à Paris pour se remarier, Gallois lui dit :

— A ton âge, vieux saligaud, tu n'auras peut-être pas ce toupet-là ?

— Oui ! Oui ! Cause toujours ! répondit-il. Il faudrait que je te demande la permission ?

Mais il avait beau traiter Juliette en gamine. Il la regardait avec des airs qui signifiaient :

— Cristi ! Je n'aurais pas besoin d'aller jusqu'à Paris !

L'heure était délicieuse. Il ne semblait pas que l'après- midi de demain dût arriver avec sa torpeur et son angoisse. Il faisait frais ; la porte et la fenêtre étaient si complètement ouvertes que l'on vivait comme en plein air. François se leva le premier, repoussant sa chaise. Il dit :

— Je vais faire un tour, jusque vers les minuit.

— Tâche de ne pas rentrer trop tôt ! lui dit Gallois. Parce que ce n'est pas à minuit, pour sûr, que nous serons couchés.

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