76 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
ANNE VERCORS. — • Dieu soit loué qui m'a comblé de ses bienfaits !
Voici trente ans que je tiens ce fief sacré de mon père et que Dieu pleut sur mes sillons.
Et depuis dix ans il n'est pas une heure de mon travail
Qu'il n'ait quatre fois payée et une fois encore,
Comme s'il ne voulait pas rester en balance avec moi et laisser ouvert aucun compte.
Tout périt et je suis épargné.
En sorte que je paraîtrai devant lui vide et sans titre, entre ceux qui ont reçu leur récompense.
LA MERE. — C'est assez que d'un cœur reconnaissant.
ANNE VERCORS. — Mais moi je ne suis pas rassasié de ses biens,
Et parce que j'ai reçu ceux-ci, pourquoi laisse- rais-je à d'autres les plus grands }
LA MÈRE. — Je ne t'entends pas.
ANNE VERCORS. — Lequel reçoit davan- tage, le vase plein, ou vide ?
Et laquelle a besoin de plus d'eau, la citerne ou la source .
LA MERE. — La nôtre est presque tarie par ce grand été.
ANNE VERCORS. — Tel a été le mal du
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