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01» LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

vant son habitude ricanait. Il regardait surtout les jeunes filles et les jeunes femmes.

— Ne te presse pas, dit-il à François. Nous avons le temps.

François pensait toujours à " aller voir du côté de chez les Nolot. " Mais Cougny avait raison : pour qu'une absinthe soit bonne, il faut la boire sans se presser. Quand la première fut bue, il en commanda deux autres. Il était riche, ne savait que faire de son argent. Il ne demandait pas mieux que de payer à boire à n'importe quelle coterie. A la fin, François en oublia tout-à-fait d'aller chez les Nolot.

Vers midi et demie un autre silence se fit. Partout on déjeunait. Ils entendaient le bruit des couteaux et des fourchettes. Cela seul, à défaut des deux absinthes, eût suffi à leur ouvrir l'appétit. Mais ils pouvaient rester encore. C'était le commencement d'une belle journée.

— Hé, la coterie ! cria de nouveau Cougny. Gallois passait, ses souliers blancs de poussière, en avance d'un bon quart-d'heure. Une voiture qui l'avait rattrapé à mi-chemin venait de le déposer à l'entrée de la ville. Il y eut donc, à la terrasse, Cougny et deux coteries, le père et le fils. Gallois avait soif. Il but d'un seul coup la moitié de son absinthe.

— Il n'y a pas ici, dit-il à Cougny, un rentier plus heureux que toi. Tu travailles quand tu veux, tu te goberges à l'ombre pendant que je trime sur les routes. Et par dessus le marché tu débauches nos enfants.

— En tout cas, répondit Cougny, je n'ai pas encore débauché ta Juliette.

Gallois n'était pas féroce. Il se contenta de rire, en disant :

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