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bable Bossuet hier encore. Le point sera toujours de savoir pourquoi les Athéniens ont voulu suivre Socrate plutôt qu’Aristophane, et n’ont pas suivi Platon. Pourquoi la France, plutôt que de Montesquieu ou de Boulainvilliers, a voulu s’inspirer de Jean-Jacques. Car elle l’a voulu. À tout le moins, elle n’a pas voulu le contraire. Et si elle s’est reconnue, tête et cœur, dans l’un et non dans l’autre, il est souverainement ridicule de lui prouver qu’elle n’y entend rien, qu’elle a fait erreur sur sa pensée et sur ses sentiments. En effet, la théorie n’est rien ici, où tout est de l’action. Il n’est point de plus vaine nuée, que ces buées de radoterie dans l’air froid de l’événement.

Trop de vertu, en vérité, et trop de certitude. Nos théologiens de la pure et unique doctrine en demandent trop à ceux qui ne sont pas de leur village. Et peut-être, ces hommes intègres n’eussent-ils pas mal fait d’obtenir un peu de soi-même ce qu’ils exigent si rudement d’autrui. Non, il ne fait pas bon servir, aujourd’hui, la beauté de la France, en français, si l’on a le malheur de ne point plaire à ces juges sans péché, et de n’avoir point leur accent. Tel qui parle du nez, comme un serpent d’église, et je ne dis pas Basile, trouve du juif dans le ton de Montaigne ; et peu s’en faut, là-dessus, qu’il ne le renvoie au bûcher. Le mépris est un bûcher.

Et pour tel autre, modèle de pureté, sans doute