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dans les Confessions de Rousseau, il y a de tous les hommes en passion. Et ceux même qui le calomnient, à présent, ceux aussi qui le méprisent, ils ont tous de Rousseau, dès que leur sécheresse se détrempe, et quand leur cœur se détend, ils tiennent tous de lui.

§

Souvent, il me répugne ; et toujours, je le plains. Je le trouve ridicule, et plus touchant encore. Je voudrais le secourir, et je sais le secours inutile. Il faut que vie se passe. Ô tourments d’une vie énorme ! Torrents où le plus pur cristal, et la goutte d’eau céleste se mêlent à la boue ; où la corruption des rives résiste aux plus chaudes larmes ; où la pourpre du sang se perd dans le limon, plus qu’elle ne le lave ! Et pourtant cette vase est généreuse ; cette fange est féconde et le laboureur le sait bien, qui dans la terre grasse, n’écrase pas les vers, laboureurs eux aussi, et nourriciers.

Il est insupportable. Son impudeur me blesse ; mais bien moins par les détails qu’elle donne, que par la façon de les produire. Et, quand il est bas, la grandeur de l’aveu en rachète la bassesse. Il ose vous montrer sa vermine et sa pourriture, méchants que vous êtes. Et tandis que vous comptez ses plaies, en vous bouchant le nez, vous feignez de ne pas voir les vôtres.