Page:NRF 7.djvu/970

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

964 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

III

Dimanche soir. {Timbrée : 27 Juillet 1819 ^)

Ma douce Enfant,

J'espère que vous ne m'en avez pas trop voulu d'avoir trompé votre attente d'une lettre, samedi : nous étions quatre dans notre petite chambre, jouant aux cartes jour et nuit ; dès lors, pas un instant de paix pour écrire. Maintenant que Rice et Martin sont partis, je suis libre ! Brown me confirme, à mon grand chagrin, les mauvaises nouvelles que vous me donnez de votre santé. Vous n'imaginez pas combien je soufFre d'être loin de vous ! Je mourrais pour une heure — de quoi .? Vous ne pouvez le concevoir ! Il est impossible que vous posiez sur moi les mêmes yeux avec lesquels je vous vois : cela ne peut pas être !

Pardonnez-moi si je divague un peu, ce soir, car j'ai travaillé toute la journée à un poème fort abstrait — et je suis profondément amoureux de vous ! — Deux choses qui doivent m'excuser ! Aussi bien, croyez-moi, je n'ai pas mis une éternité à vous laisser prendre possession de moi ; dès la

' Le timbre de " Newport " n'est pas sur cette Lettre, comme il est sur les Lettres I, II & IV ; mais il semble évident que Keats et son ami étaient encore à Shanklin.

�� �