Page:NRF 7.djvu/978

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

972 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

V

Winchester, 17 Août. {Timbrée-. 16 Août 18 19.)

Mon Enfant Chérie,

Que vous dirai-je ? Je suis ici depuis quatre jours et je ne vous ai pas encore écrit — il est vrai que j'ai eu bien des lettres d'affaires ennuyeuses à liquider — et j'ai été pris dans les serres du der- nier acte de notre tragédie, comme le serpent par l'Aigle. Tout ceci n'est pas une excuse ; je le sais ; je ne vous le donne pas pour cela.

Je sais aussi que je n'ai pas le droit de demander une réponse prompte qui me fasse connaître jusqu'à quel point je puis compter sur votre indulgence. 11 me faudra rester quelques jours dans la brume, — je vous vois à travers cette brume ! et ainsi que vous devez me voir, moi- même en ce moment. Ayez foi dans les premières lettres que je vous ai écrites : je vous jure que je sentais ce que j'écrivais, — je ne pourrais écrire de même en ce moment. Les mille tableaux qui, depuis, ont occupé ma pensée, passent et repassent dans mon cerveau. Mes esprits tourmentés, ma destinée incertaine : tout s'étend comme un voile entre vous et moi. Souvenez-vous que les loisirs m'ont manqué pour songer beaucoup à vous — et

�� �