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ORPHEE 979

U orage qui s infiltre aux fentes des battants ? Quelle est la voix lointaine et triste gue J'entends ?

— Pourquoi nC as-tu clouée au vantail de ta porte ? ye marchais ignorante et douce dans le vent... Quelle lugubre joie doit te payer mon sang ? Auras-tu le bonheur quand sur mon cœur tremblant Entre mes longs cheveux pendra ma tête morte ?

— Est-ce toi que te plains sur le seuil de ma porte ? Est-ce en vain que les clous retiennent tes deux mains ? Est-ce en vain que ma lance a transpercé ton sein ? ye t'ai crucifiée... n es-tu pas encor morte ?

Dois-je entendre toujours ta plainte que m'apporte^ Dans r ombre qui se glisse aux fentes des battants^ La clameur de l'orage ou le souffle du vent ? ye t'ai crucifiée ; et sur les chemins rudes Qui sentiront mon pas grandir dans le soleil ye vais pouvoir monter^ pèlerin éternel^ Dans l'orgueil de ma force et de ma solitude^ Délaissant pour jamais les plaines du Réel : Mes mains s'enivreront de victoire et d'espace^ ye ne sentirai plus peser ta tête lasse Et^ libre et fort^ j'irai toujours plus près du ciet.

— Homme, ton rêve est vain. Au vantail de ta porte

y empêche ton essor vers les chemins futurs ;

ye te barre le seuil de mon geste de morte

Et tu n'as fait ton âme et plus mâle et plus forte

Que pour t' emprisonner dans l'ombre de ces murs.

J. Galzy.

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