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JULIETTE LA JOLIE 989

— Comme je vais à la retraite aux flambeaux, dit-il, je pourrais peut-être manger la soupe le premier.

M""^ Frébault fut suffoquée.

— Tu vas à la retraite aux flambeaux ! s'exclama-t-elle. Et avec qui, s'il te plaît ? Et pour quoi faire, monsieur ?

— Mais je peux bien y aller tout seul, je pense !

Il ne répondait pas à l'autre question. N'importe : jamais elle ne l'avait entendu parler sur ce ton, avec cette assurance.

— Eh bien, tâche d'y aller, dit-elle, et nous verrons ! Je te promets que tu n'auras pas affaire à Jean-qui-bat- le-beurre ! Tu mangeras la soupe avec nous, comme d'habitude, quand ta grand-mère sera là.

Elle ne parlait pas de l'âne.

Juste à ce moment Frébault rentra, venant de remiser sa brouette et ses outils.

— Crois-tu, lui dit-elle, que ce gamin-là....

— Oh ! Ce gamin-là.... protesta le pauvre Louis. Elle se précipita pour le gifler, mais il eut le temps de

s'esquiver.

— Qu'est-ce qu'il a donc ce soir r Jamais je ne l'ai vu comme ça ! dit-elle. Oui : ce gamin-là, crois-tu qu'il veut manger la soupe tout de suite pour s'en aller à la retraite aux flambeaux ?

— Eh bien ? demanda Frébault placidement.

— Oh ! toi, cria-t-elle, ce n'est pas d'aujourd'hui que je te connais. Tu lui laisserais bien faire les quatre-cent- dix-neuf coups ! Heureusement que je suis là ! Qu'il bouge seulement de devant la porte, et nous verrons.

Il sifflotait dehors un petit air, un tout petit air. Ni l'âne, ni la mère Catherine n'apparaissaient. Il avait grand'

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