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IOI4 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

à sa taille, c'est peu de chose que cette Incoronazione, peu de chose que le Jugement Dernier de l'Aca- démie, que tant d'étroits tableaux d'autel ! Mais donnez seulement au peintre un mur de cloître et des tréteaux, il vous imposera bien son génie. J'admets que cet art trop fleuri, après Giotto surtout, ait déçu votre attente, que sa minutie vous déroute, et que votre âme, en fin de compte, ait résisté au cantique des séraphins. Car c'est vous qui réclamez maintenant " plus de pathé- tique " ! Soit, le couvent de Saint-Marc n'est pas loin.

Crucifixion de Saint-Marc ! Quelle page à rem- plir ! Mais comme tu remplis toute la page, toute la muraille qui te porte, toute la voûte arquée qui pèse peu sur toi !.. Avez-vous pu douter que cette âme fût digne de lutter avec l'or dont elle se parait, pour la pureté de l'éclat et la sonorité du timbre ? Jugez ! Ici, l'or a pâli et n'est qu'un poudroiement aux nimbes. Ici les tons composés de la fresque ont remplacé la couleur pure, plus mats, plus sobres et plus sourds — il y a des bis, des bruns, des grisâtres. Ici l'adresse et la finesse du pinceau ne peuvent tenir lieu de charme, ni son joli tour de beauté : il modèle des saints à la taille de l'homme. Ici enfin, il ne s'agit plus simplement d'étager des chœurs d'anges autour de Dieu, mais de grouper des personnages selon la diversité de

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