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��NOTES

��AU SALON D'AUTOMNE.

Un salon compte parmi les choses tristes. On donne une obole, en entrant, comme à la porte d'un cimetière... On défile comme un cortège entre les deux rangées de tableaux qui font penser à des gens aux fenêtres. Il y en a de toute mine et de tout poil : Il y a le rentier congestionné de la cimaise, et la jeune fille au pot de fleur de l'étage au-dessus.

Et puis, il y a vraiment trop de peinture dans un salon. La peinture n'est pas faite pour marcher par corps d'armée. J'aime mieux le pensionnat des expositions particulières...

Au salon des Artistes Français, c'est à la bonne franquette. On a l'air de vous dire : Voilà ce que nous vendons, voilà notre marchandise. — Portraits de vieux généraux. — Portraits de bourgeoises aux bras de caissières. — Chefs de bureau dppepti- ques et décorés. — Riches laitues des paysages pompiers. — V^aporisateur impressionniste des élèves des Beaux-Arts qui cherchent à s'émanciper. — Tableaux d'histoire en peluche rouge. — Beuveries de cardinaux. — Natures mortes hérissées de langoustes menaçantes.

A la Nationale, c'est une autre affaire. Nous sommes des artistes. — Sauces brunes et sauces vertes. Coulis américains. — Figures d'esthètes et de grands amateurs. — Portraits de femmes crispées dont les mains, qui ont trente-six phalanges, se tordent et griffent la soie de la robe, et qui ont l'air de

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