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Saint-Pol-Roux, J.-H. Rosny, Henri de Régnier, Charles Morice, Verhaeren, Paul Adam, etc., etc., ont écrit des œuvres fort belles et très compréhensibles et qu’un public nombreux les aime et les admire. Il ne les diminue donc que pour les provoquer, eux, ou toute la jeunesse qui les entoure et c’est bien un combat qui doit suivre. "

Plus loin, M. Sauvebois affirme que, si la jeune littérature n’avait à cœur " de relever le cinglant défi qui lui est jeté... elle ne serait plus la jeunesse " et que " vraiment il faudrait désespérer de tout. "

Mais non ! M. Sauvebois, ne désespérez de rien... Et pourtant n’attendez pas des hommes, auxquels M, Reboux manifeste si spirituellement son dédain, qu’ils se retournent vers leur petite troupe et lui crient : " Assurez vos chapeaux. Messieurs ! nous allons avoir l’honneur de charger". Il leur sied d’être ignorés ou mésestimés par le parodiste de A la Manière de..., et ses pareils. Les maîtres dont vous parlez, les amis qui les entourent et les jeunes gens qui les admirent, si ardents et si prompts qu’ils soient, ont mieux à faire, croyez-moi, que d’entreprendre un simulacre de combat contre des fantômes. Ils ont à sauvegarder une précaire indépendance, à défendre de toute entreprise leur grand idéal, à alimenter entre eux cet échange de ferveur et de sincérité respectueuse qui fait leur force et leur vertu ; ils ont enfin à produire des œuvres. Pour cela, une grande patience, de la sérénité, le silence et la profonde tranquillité leur sont nécessaires. Le combat où vous nous appelez, M. Sauvebois, ne rappellerait en rien ces tournois héroïques qui jadis mirent aux prises des écoles également vivantes, des partis également valeureux. Ce qui nous sépare à jamais des prétendus adversaires qu’on nous oppose, ce sont moins des divergences esthétiques qu’une radicale différence de moralités. Ni notre vie ne ressemble à la leur, ni nos ambitions ne sont comparables, ni nos admirations, ni la moindre de nos pensées. Laissons-nous railler pour notre orgueil et notre