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IIIO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

indifférence. Ils peuvent rire de nous. Nous ne leur envions absolument rien : le succès, l'argent, la domination du Boule- vard, la complaisance des journaux, le sourire des salons ne sont que leurs petites, et bien légitimes, compensations. Nous n'avons rien à démêler ensemble. Et je me plais à répéter le mot de Gœthe qu'on se souviendra d'avoir lu déjà dans cette revue :

    • Ne vous inquiétez pas de vos adversaires ! Dans votre œuvre,

associez-vous à des amis qui pensent comme vous ; quant aux hommes qui n'ont pas votre nature, et avec lesquels vous n'avez rien à faire, imitez-moi, ne perdez pas une heure avec eux ! Ces discussions sont à peu près stériles : elles tourmentent, et à la fin, il n'en reste rien. Au contraire, l'amitié avec des hommes qui ont nos manières de voir est féconde. "

Que ces messieurs du Boulevard pensent donc de nous ce qu'ils voudront, peu nous importe. Leurs " défis " ne réussiront pas à nous entraîner. Eh quoi ? faudrait-il à tout moment s'échauffer le sang, parce que certains baillent à Corneille, dé- clarent Shakespeare excessif, Dante aride, Tolstoï confus et Dostoïevski obscur ? Et si d'autre part, il nous plaît de trouver un peu mince le talent de M. Reboux et plutôt chétive son autorité, de ne point reconnaître à M. Abel Bonnard un très grand génie poétique, de refuser à M. Sacha Guitry toute l'am- pleur de Molière ; — faudrait-il, sur ce propos, nous tenir prêts à la polémique ?

J. C.

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��LETTRES ITALIENNES : MA MONTAGNE, par

Scipio Slataper. (Il mio Carso. Quaderni délia Foce. Mai 1912. Florence.)

Un livre sincère est toujours une bonne fortune, et particu- lièrement en Italie. Le livre de M. Scipio Slataper Ma Montagne est un livre sincère. C'est le livre d'un jeune homme riche de sève, dont les abattements eux-mêmes sont

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