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III5

��LES REVUES

��Revues Françaises.

A propos du livre de M. Pierre Villey sur les Sources aidées au seizième siècle^ M. Remy de Gourmont, dans l'une de ses chroniques du Temps, réclame pour les traducteurs la place qui leur appartient dans l'histoire de la littérature française. Il écrit :

" Je crois bien qu'on s'imagine encore, et même plus que jamais, que la littérature française s'est développée au cours des siècles selon une originalité majestueuse, jamais troublée par les apports de l'extérieur. Ne voyait-on point récemment M. Lasserre, dans son fulgurant Traité du romantisme, faire abstraction de lord B}Ton, qui pourtant modela tant d'esprits romantiques à son image ? La vérité est que la littérature française, qui n'est si vivace que parce qu'elle s'est constamment renouvelée, ne s'est jamais renouvelée que sous des soufHes venus du dehors, souvent de très loin, et cela depuis les temps les plus anciens jusqu'aux temps les plus récents. "

Et plus loin :

Cette influence de la pensée, et quelquefois, comme on l'a va récemment, de la forme étrangère, sur ce que l'on appelle la tradi- tion fi-ançaise, et qui n'est qu'une illusion, est visible à chaque période de renouvellement littéraire, comme elle est visible à chaque période analogue dans l'histoire particulière d'un esprit. Ils sont très rares, ils sont pour tout dire inexistants et impossibles, les esprits qui pourraient se renouveler en puisant dans leur propre substance. Si vastes qu'elles soient, une sensibiHté et une intelligence , ont assez vite fait le tour d'elles-mêmes ; si étendue dans l'espace et

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