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JULIETTE LA JOLIE IO9

tranquilles tous ensemble. Tandis qu'à rester ici gratte-papier, c'est tout juste s'il gagnerait de quoi ne pas mourir de faim. Mais quand même, ça m'ennuie de le voir partir. C'est ce voyage sur mer qui me fait peur. Et je ne serai pas rassurée tant que je ne le saurai pas arrivé dans le Couisslan.

Vers neuf heures, cette bonne M™* Durand arriva. Elle n'aimait pas se coucher trop tôt : c'est bon pour les hommes. Durand se mettait au lit presque aussitôt après avoir mangé la soupe, mais elle considérait que pour elle, à cette heure, sa journée n'était pas remplie : elle avait des choses encore à raconter, à apprendre. — Bonjour tout le monde, dit-elle. Ou plutôt : bon- soir, à l'heure qu'il est !

C'était un de ses mots d'esprit. Elle prit elle-même une chaise et s'assit entre Leclerc et Frébault. Les con- versations qui, languissantes, allaient peut-être mourir, elle se chargeait de les ressusciter. Les Maraloup venaient d'avoir un neuvième enfant : des gens qui n*ont pas tous les jours quatre sous pour s'acheter du pain, je vous demande un peu ! Ils prennent à crédit, mais le boulanger me disait encore cette après-midi que ça ne pourrait plus durer longtemps. Thévenot en était à son septième, mais lui du moins gagnait assez d'argent pour en nourrir une douzaine. M' Perruchot, le pharmacien, allait se marier. C'était décidé, maintenant. Oui. Avec M"® Perreau, la fille du gros fermier des Aubues. C'est une demoiselle qui est restée jusqu'à vingt ans chez les soeurs à Nevers, et elle lui apporte une jolie dot. Alors, vous comprenez. M"® Clément...

— C'est donc ça, dit M™*^ Frébault, qu'elle ne sort

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