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JULIETTE LA JOLIE 127

parler de cette " traînée de Marcelle " et du " cousin à la mode de Paris ". Après, le tour était venu de Juliette qui faisait avec lui les quatre-cent-dix-neuf coups. Puis, suivant Belin, il y avait eu de " la brouille dans le ménage ", mais dans lequel, elles n'en savaient rien. Cougny mort et enterré, le bruit courait que Marcelle et Ponceau allaient partir ces jours-ci, laissant à un huissier le soin de vendre les meubles à l'encan. Marcelle était venue ici avec une malle et une caisse, à peu près comme Lucienne. Elle n'y serait restée guère plus longtemps.

Juliette marchait dans l'allée, entre les tilleuls dénudés, là même où le pauvre Louis, ivre d'espoir, s'était arrêté le soir de la retraite aux flambeaux à l'heure où tonnait le canon et sonnaient les cloches. Ses bottines criaient sur le sable. Elle s'arrêtait pour écouter. L'Agathe et la Marie attendirent dix minutes. Elles étaient ennuyées de ne voir venir personne ; il allait leur falloir partir, car elles ne tenaient pas à être battues ; mais lorsqu'elles entendirent marcher à l'autre bout des promenades, elles restèrent. Toujours cachées derrière le mur et trottinant sur leurs chaussons, elles suivirent Juliette qui elle aussi avait entendu marcher et allait à la rencontre de celui — car une femme n'eût pas fait autant de bruit, — qui venait. Elles s'arrêtèrent en même temps que Juliette et l'homme. Il ne fallait pas songer à regarder: l'ombre à cet endroit était plus épaisse. Mais elles écoutèrent.

L'homme eut un recul quand il devina que c'était Juliette qui se dressait devant lui. Il dit :

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Que de fois elles avaient entendu Juliette parler ! Ce soir elles ne reconnurent point sa voix.

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