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138 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

penchaient tous sur elle pour lui donner du courage. Elle sourit un peu.

La porte de la maison s'ouvrit sans que l'on eût frappé. C'étaient les Nolot.

Il tendit tout de suite la main à Gallois ; les deux femmes s'embrassèrent. Le Paul, les yeux rouges encore, hésitait à s'approcher du lit de Juliette.

— Oui, dit Nolot de façon à ce que Juliette n'entendît point, c'est un malheur. Nous en avons d'abord été tout abasourdis. Puis nous avons réfléchi. Nous nous sommes dit : Si ça nous était arrivé, qu'est-ce qu'ils auraient fait ?

— La même chose que vous ! répondit Gallois d'une voix qui tremblait un peu.

— Oui. Je m'en doute. Le Paul ne voulait rien en- tendre, et, ma foi, je ne pouvais pas lui donner tort. On a beau se raisonner là-dessus : c'est dur. C'est ma femme qui a dit : Mais si nous nous fâchons les uns avec les autres, François et Léontine qui n'y sont pour rien, qu'est-ce qu'ils vont faire ? Et cette pauvre Juliette doit être déjà assez malheureuse. Mais il répétait : Non ! C'est plus fort que moi. Je ne pourrais pas la revoir. Moi je l'ai laissé réfléchir. Tout-à-l'heure il s'est décidé. Nous som- mes venus ensemble.

Ils entrèrent dans la chambre de Juliette. Il ne pouvait pas l'embrasser. Elle n'osait point le regarder en face.

Dans l'atelier de M"' Clément, on souflUa la lampe une grande demi-heure plus tôt que de coutume. Quand elle arriva, et qu'elle les vit tous réunis, elle fut heureuse. Mais de la rue toute noire, regardant derrière les vitres de la fenêtre, l'Agathe et la Marie essayaient de voir. Elles ne songeaient guère à se bousculer, à se pincer

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