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192 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

eux, un je ne sais quoi d'humanité générale qui, malgré l'abondance des détails de mœurs locales, les fait sortir de leur cadre. En racontant la vie d'un meunier périgourdin dans Le Moulin du Frau, Eugène Le Roy a bien écrit, lui aussi, un beau livre ! Disons donc, sans en raconter l'intrigue que le titre fait amplement pressentir, que le Syndicat de Baugignoux est un roman où tout n'est pas indifférent, mais que la partie la moins intéressante, — littérairement parlant bien entendu, — en est peut-être celle qui nous raconte, par le menu, la formation et le fonctionnement du syndicat. En irait-il, pour l'art, du syndicalisme comme du régionalisme ?

H. B.

��LE RÉALISME DU ROMANTISME, par M. Georges Pellissier (Hachette).

Les livres de ce genre reposent tout entiers sur la coïncidence de deux définitions, — dans l'espèce, celles du réalisme et du romantisme. Or cette coïncidence peut être obtenue de deux façons : à force de précision et de rigueur, en aiguisant, pour ainsi dire, les deux définitions et en obtenant le contact des deux pointes — c'est, en somme, le procédé de la science moderne — ou, inversement, à force d'imprécision, en éca- chant les deux pointes, et c'était le procédé de la science antique. C'est à ce procédé périmé que M. Georges Pellissier a recours lorsque, négligeant les définitions d'un Maurras ou d'un Lasserre, par exemple, et rejetant celles d'un Brunetière, il nomme indistinctement réalisme ou romantisme " une concep- tion de l'art selon laquelle les écrivains doivent, affranchis des règles et des modèles, se modeler et se régler sur la nature ". C'est ce même procédé qu'employa M. Emile Deschanel lors- qu'il consacra la matière de deux volumes au Romantisme des classiques. C'est encore de ce procédé qu'usera l'auteur futur, et

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