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LA CONQUE d'or '5

genres de perfection qui se heurtent ne peuvent produire qu'un accord faux, une sonorité défec- tueuse. Pourtant, les statues du chœur sont traitées avec une aisance, une ampleur dans le port et le caractère, auxquelles il serait regrettable de ne pas rendre hommage. Un peu courtes et ramassées, elles sont souples et fortes, elles débordent de vie. Elles eussent enchanté Taine. Il ne me déplaît même pas qu'elles déclament un peu ; j'y vois un surcroît d'énergie, un fier tempérament qui se dépense.

On dit grand bien des peintures de la voûte et des chapelles. La vérité est qu'on ne les voit pas, tant elles sont enfumées et pâlies. Il faut, pour s'y reconnaître, trop d'efforts, et l'on n'est pas sûr de rien découvrir de discernable. C'est une des pre- mières conditions du plaisir esthétique que ce qui n'entre en nous que par les yeux, comporte une certaine facilité pleine et divine, au lieu que ce qui s'adresse à l'intelligence ne saurait s'entourer de trop de voiles : l'esprit aime à pénétrer un sens caché. Je songe, par contraste, aux fresques de Notre-Dame-du-Bourg, à Rabastens. Il y tourne une délicate foule de vierges, d'archanges et de saints, qui flatte le regard par quelque chose de précieux et d'usé, et qui fait régner à l'intérieur de la petite église un peu de cette clarté d'après- midi de qui Baudelaire disait que les toiles de Véronèse étaient faites. Ce qui m'y ravit, ce n'est

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