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RÉFLEXIONS SUR LE ROMAN 213

sibles dans i*existence réelle. S'ils prennent pour sujet de leur œuvre cette existence réelle, elle se réduit en cendre, elle devient fantôme, sous la main qui la touche. Elle a eu sa vie, elle n'a pas droit à une autre. Le génie du roman fait vivre le possible, il ne fait pas revivre le réel. De chaque coulée, il exige qu'elle soit de source, et vierge.

Le point où Taine s'est découragé de son roman est celui-là même où ce roman paraît à M. Bourget prendre son plus vif intérêt. " Rien de plus inté- ressant, dit M. Bourget, rien de moins souvent traité que ce thème, si riche pourtant en significa- tion : l'adolescent qui commence à penser. Balî^ac l'a touché, avec sa supériorité habituelle, dans Louis Lambert. Le huitième chapitre à^ Etienne Mayran peut être mis en reo^rd. " Question en effet très curieuse. Comment se fait-il que ce thème ait été, comme le remarque M. Bourget, si peu traité } Et comment se fait-il qu'il ait été traité de façon en somme si scolastique et si sèche par Balzac et par Taine : Est-il pour l'homme de réflexion et de pensée un thème plus abondant en musiques prenantes, que celui où il revivrait son entrée dans le monde vierge encore de l'intelligence ? Comme on se souvient de son premier émoi de jeune homme, celui qu'on ne revivra jamais, devant un matin d'Italie, ne garde-t-on pas vibrant encore le premier Italiam ! Italiam ! qui dévoile à des regards fiévreux de seize ans l'univers des idées, et com-

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