Page:NRF 8.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE MATADOR DES CINQ VILLES 3 II

impression de malaise physique aigu et tel que seul un homme ayant toute sa sensibilité concentrée sur son palais pourrait le supporter. Sur une chaise boiteuse, dans un coin, il y avait une pile de livres assez instable. Un guéridon était recouvert d'un tapis bariolé sxir lequel il y avait plusieurs assiettes. Le long d'un mur, sous la fenêtre, régnait une chaise-longue en pitchpin tendue d'une étoffe légèrement différente de celle qui couvrait la table. La surface du sommier de la chaise-longue présentait des inégalités et faisait des plis, et on avait fourré entre lui et le bois du meuble de vieux journaux et des morceaux de papier d'emballage. Le meuble le plus important était une remarquable bibliothèque en noyer, dont les portes vitrées avaient des rideaux rouges. Aux murs, couvert d'un papier jaune-safran, étaient accrochés des tableaux- réclame encadrés et quelques photographies de gens que l'appareil avait intimidés. Le plafond était aussi obscur que le ciel ;le parquet était carrelé, avec une carpette de lisière devant le garde-feu d'acier.

Je posai mon pardessus sur la chaise-longue, pris la bougie et jetai un coup d'oeil sur les livres qui étaient dans le coin : l'indestructible ouvrage de Lavater, un Whitaker broché, l'Almanach des Restaurateurs Patentés, Johnny Ludiow, le catalogue illustré de l'Exposition de *i856, le Lexique de la Bible de Cruden, et sept ou huit volumes de l'Encyclopédie à deux sous de Knight. Comme j'étais en train de déchiffrer ces titres j'entendis qu'on bougeait au-dessus de moi (auparavant je n'avais entendu aucun bruit) et je me dépêchai, comme un coupable, de replacer la bougie sur la table, et je me tins, sans avoir l'air de rien, devant le feu.

�� �