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2S'^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

mentale du poète semble se révéler plus purement. C'est un certain dépouillement qui m'émeut surtout dans ce livre ; il se double d'un don de psychologie que l'auteur va tourner non pas seulement sur lui-même, mais sur les hommes qu'il côtoiera. — Relisez pour la musique le morceau qui commence ainsi :

Dans un quartier qu^ endort Codeur de ses jardins et de ses arbres, la rampe du songe au loin lève et baisse un peu ses accords, par ce temps d automne.

Rappelez-vous sur quelle admirable phrase il s'achève :

Mais V oiseau qui souffre et se tait sur un secret des lies, se prend à chanter dans son panier dor !

Et je citerai tout au long ce Tait divers :

Se peut-il que ce faux ménage, avec le grand fils, se brise ? — Certes. — La vie a été la plus forte. — Ils ont épuisé tous les regards et toutes les larmes. — Ils se sont adorés. Ils se sont déchirés. Ils se sont retrouvés dans une autre lumière. — Il faut nous séparer. Il faut vous séparer. — Tu t'en iras. Chantaient les cloches dans les villes. Tu partiras. Criaient les trains dans les tranchées.

Le père a rencontré son fils. Il avait une trace sale sur la joue et beaucoup de barbe. — On a vu passer la fille ailleurs. Elle porte une espèce de guitare.

Où est le temps où la mère courait à la fenêtre pour voir son enfant partir dans Vallée. Ils s^ étaient adorés. Ils s'étaient épuisés...

Avec quel plaisir on se déchire..

Ces pensées font qu'on regarde si on saigne..

O les mots touchants qui vous font pâlir..

Ils se sont adorés. Ils se sont séparés.

A quelque jour, M, Léon-Paul Fargue écrira-t-il un roman ? J'aime à le penser. Mais il écrira encore des poèmes en prose et peut-être en vers ; dans ceux-ci, sans cesse le rhythme s'in-

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