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MAURICE MAETERLINCK 433

qui sait de quelle utilité sociale peut être une pru- dente philosophie, il perdait son crédit non seule- ment sur l'élite française, mais sur ceux aussi, à quelque peuple qu'ils appartiennent, qui marchent sur ses traces, qui, même dans le cadre social, n'ont pas renoncé à chercher Isur vérité, et qui prisent, par dessus tout, le désintéressement et la sincérité intellectuels.

C'était dans l'ordre. Un écrivain, pour peu qu'on envisage sa carrière avec le recul nécessaire, on verra qu'il a presque toujours l'espèce de succès qu'il mérite et qu'il n'en dérobe point d'autre. Si Ton suit la pensée de Maeterlinck dans son déve- loppement logique, on distinguera qu'il n'a si profondément touché le grand public bourgeois que parce qu'il a apporté dans des spéculations d'ordre supérieur dont ce public eut toujours la nostalgie, le tempérament de la bourgeoisie belge où il a ses origines, c'est-à-dire de la bourgeoisie la plus positive du monde. Certes, ses premiers ouvrages sont une réaction contre l'esprit terre- à-terre, contre l'orgueil rude et buté des siens. Le mysticisme bleuâtre de ses livres de début, c'est la protestation du jeune homme et de l'artiste contre un milieu où " l'âme est en exil ". Mais à mesure que sa pensée, après bien des détours, retrouve sa pente naturelle, on découvre chez lui, sous cet idéalisme apparent, la sagesse ménagère du Flamand, transposée dans un domaine où des

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