Page:NRF 8.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MAURICE MAETERLINCK 437

foi, un équilibre ? Nous attendions quelque chose qui n'est pas venu et Maeterlinck nous apparaissait comme l'annonciateur de l'Aube...

Certes en relisant ce livre aujourd'hui je retrouve un peu du charme matinal qui m'enchantait alors, et je serais injuste envers moi-même si je ne voyais plus que de molles amplifications de rhéteur symboliste, dans quelques unes de ces prières au Dieu inconnu : Les Avertis, le Réveil de rame, le Tragique quotidien. Au reste si le lecteur candide et de bonne foi ne parcourt pas sans agacement les étonnantes études sur Ruysbroek l'Admirable, sur Novalis, sur Emerson, où Maeterlinck a montré une virtuosité prodigieuse dans l'art de jeter du noir, de noyer dans un brouillard fuligineux des pensées déjà obscures, du moins admirera-t-il dans ce livre une grande bonne volonté d'exprimer l'Inexprimable et un effort violent et soutenu pour s'élever à une sorte de lyrisme philosophique qui est quelquefois atteint.

Il y a dans Le Trésor des Humbles un accent juvénile, hardi, généreux, que Maeterlinck ne retrouvera plus. Le Trésor des Humbles, c'est l'iné- vitable folie de jeunesse de ce bourgeois très sage Vnais qui ne se connaissait pas. D'autres, à ce moment, révèrent d'être " l'Ennemi des Lois " et de refondre le monde au creuset de l'Anarchie : Maeterlinck promena sa pensée encore hésitante parmi les hardiesses prudentes d'un mysticisme

�� �