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l'accouchée 459

bruit les cris stridents de la malheureuse. L'enfant parut.

C'était un pauvre petit corps. Le premier regard que lui jeta sa mère était empreint de crainte. "Vivras-tu? semblaient dire les yeux qui avaient vu mourir tous les autres. Vivras-tu, toi qui as épuisé mes dernières forces ? " Un vagissement sembla répondre, comme un espoir et l'accouchée abattue ferma les yeux.

Peu à peu, la petite chambre encombrée de voisines se vida, le soir, le calme et clair crépuscule illumina la terre de ses derniers reflets. La crête hérissée des roches rougeoya d'un éclat de feu, puis le ciel pâlit et la nuit étendit sur toutes choses son grand repos.

La mère ne dormait pas ; la fièvre qui la ron- geait la soulevait à demi sur sa couche : elle étendit les bras vers son petit. Son corps arqué par le labeur et les peines essayait de se redresser, elle avait entendu les appels de la faim dans l'enfant.

Lorsqu'elle le tint, posé sur sa poitrine ravagée par les maternités, un soupir de bonheur gonfla ses lèvres blémies et elle serra le petit être ardem- ment.

L'enfant, déjà affamé dans le ventre de sa mère, avide, chercha le lait ; mais les seins de la femme n'en contenaient pas.

Alors cette créature usée, ce débris vivant sentit que la misère la poursuivait encore, et levant sa

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