49^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
ineptes, pont-neufs et tabarinades au sujet desquelles aucune question littéraire ne peut être posée. Et d'ailleurs la parodie ne se rattache nullement au pamphlet. Il y a peu de bonnes parodies ; mais la parodie d'une œuvre lui est plutôt un hommage qu'une critique. Boileau ne songe pas à léser jL^ CU par le Chapelain décoiffé. Au contraire. Le Mariage de Télémaque manque-t-il de respect à. L'Odyssée ? Les parodies de certains de ses sonnets, Les Conquérants ou V Orfèvre, par Tristan Bernard, émerveillaient justement Hérédia. Observons d'ailleurs que M. de Bersaucourt, ni dans le corps de son livre, ni dans la bibliographie qu'il donne en appendice, ne paraît connaître les seules parodies agréables qu'on ait faites de Victor Hugo, celles de Charles Monselet, dont deux au moins. Le Pas d'armes du roi Jean et Les Créanciers, imités des Djinns, sont des chefs-d'œuvre. L'essentiel eût été de séparer ce qui n'a qu'un intérêt anec- dotique et ce qui est d'un intérêt littéraire, de laisser de côté les attaques personnelles dirigées contre le poète, et de ré- pondre, après des recherches nécessairement fort longues, à des questions de ce genre : Quels furent les critiques qui com- battirent Victor Hugo ? Quelles furent les parties de son œuvre qui rencontrèrent le plus ou le moins de résistance r Quels furent les rapports de sa situation politique et de son rayonnement littéraire ? Quelle fut à son égard l'attitude des différents milieux oili se forme la renommée : salons. Académie, journaux, Eglise, Université, magistrature, étudiants ? Comment la critique fut-elle acceptée, écoutée, rétorquée par lui ? Quel souci avait-il de l'opinion ? Quels moyens pratiques employa-t-il pour se la concilier ? Le tout aboutissant à cette question essentielle : Quelle différence y avait-il entre l'oreille poétique, l'idéal littéraire d'un homme de goût en 1830 et en 1875 î — c'est-à-dire à la grande route de la critique, au problème général par excellence, auquel l'investigation de détail aurait peut-être permis d'apporter une contribution précise et une lumière neuve.
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