LES PoèMES 505
pourtant, jusqu'à rejoindre les Chansons à Vombre ; on peut tout dire dans cette forme, on y peut même raisonner. Et pourquoi ne pas accueillir à nouveau dans la poésie, qui est totale expression, le raisonnement comme le reste, quand le sentiment le soutient ?
Il y a beaucoup de choses, et toutes sortes de choses dans la Foire aux Paysages, ^ le premier livre de M. Fernand Benoit. Il y a même des choses curieuses, des choses réussies. On sent, non pas un tissu d'influences, car elles ne sont pas encore fondues, mais leur enchevêtrement singulier. Telles pièces relèvent d'Edgar Poe, de Baudelaire, telles des Parnassiens, telles de la pure esthétique décadente, celle de 1885 ; il y a surcharge d'allusions, surcharge d'ornements, et de temps en temps des images neuves et non pas simplement bizarres. Comment citer dans ce chaos, d'où je prévois qu'il sortira un ordre et un poète ? On ne peut citer qu'au hasard ; par exemple Asphodélia^ tirée du Rosaire erotique.
Les baisers de ta chair sont des brises marines
Asphodelia Et ta voix est douce comme une source souterraine
Asphodelia et ton corps est sucré dans le matin violet et tes yeux fendus comme les fèves de P amandier
Asphodelia Tout me dit que ton ceeur est comme un coffret
Asphodelia que ton pas se pose comme les petites feuilles de saule sur Veau
Asphodelia comme des paupières jumelles sur des yeux lassés
Asphodelia que tes pieds font crier tes souliers fins comme le vent
' Mercure de France.
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