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51 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Vue infiniment suggestive, me semble-t-il, et qui ne limiterait pas l'écrivain, qui l'inciterait à la recherche, à la découverte, qui aiguillonnerait chez le romancier au lieu de les frapper de stupeur ce don d avatar, cette faculté, ce goût, ce besoin de sympathiser avec l'âme d'autrui qui sont l'essentiel de son génie.

��La Maîtresse et V Amie ^ de M. Jean-Louis Vaudoyer constitue le type le mieux réussi, le plus abouti de ces pseudo-romans qu'on peut écrire quand on a beaucoup de culture et un joli brin de plume, mais qu'on n'a aucune vocation spéciale de romancier.

M. Jean-Louis Vaudoyer s'est souvenu de cette phrase de Stendhal : " Quelques femmes vertueuses et tendres n'ont presque pas d'idées des plaisirs physiques ; elles y sont rarement exposées, si je puis dire, et même alors les transports de l'amour- passion ont presque fait oublier les plaisirs du corps. " M. Vau- doyer cherchera à traduire en personnages et en épisodes cette formule beyliste. Mais soyez bien persuadé que ces personnages et ces épisodes ne seront qu'un prétexte à des dissertations musicales ou littéraires, à des discussions esthétiques et à des descriptions d'œuvres d'art ou de paysages, à des impressions de concert ou de voyage. Les " héros " de M. Jean-Louis Vaudoyer n'existent qu'en tant qu'ils circulent dans de beaux décors ou qu'ils dissertent... Et c'est ainsi que j'ai lu, dans La Maîtresse et rjmie de fort jolies choses et fort bien écrites, ma foi ! sur le Don Juan de Mozart, sur Théophile Gautier (c'était, l'an dernier, son centenaire), sur Utrecht et sur Rome...

Par Intérim : Camille Vettard.

1 Calmann Lévy.

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