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MIGUEL MANARA 613

��VI

��Une cour du Couvent de la Caridad. Silence des derniers

moments de la nuit. Le ciel est semé d^ étoiles, cependant le

jour semble déjà être là. Une petite porte s'ouvre sans bruit. MIGUEL MANARA

apparaît, une lanterne à la main, une besace sur r épaule.

Il est très âgé ; ses cheveux sont blarus, ses mains tremblent.

Il s"* appuie sur un bâton.

DON MIGUEL. — O mon cœur ! ô mon enfant!

tu n'as pas dormi, et voici le jour. Voici le jour : il vient et s'étonne de trouver au

ciel la lune d'hier. Te voici seul sous les froides larmes d'une nuit

perdue pour toujours, seul avec tes pensées d'hier, comme l'herbe fauchée. O visage en pleurs ! ô sévère Eternité !

(Silence.) Ils sont morts. Je suis environné de dormeurs

inconnus. Ceux que mon cœur aima sont morts depuis

longtemps. Un seul m'a vu vieillir : le frère jardinier.

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