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LETTRES A FANNY BRAWNE 59

XVI

Ma Fanny chérie,

J'ai eu votre mot, hier soir, dans mon lit ; c'est sans doute pour cela que j'ai si bien dormi. Je crois que M. Brown a raison en craignant que vous ne restiez trop longtemps près de moi, dans l'état de nervosité extrême où je suis. Envoyez-moi, chaque soir, votre bonsoir par écrit. Si vous pouvez venir pour quelques minutes vers 6 heures, ce sera un excellent moment. Si vous me trouvez un peu abattu, ne l'attribuez qu'à un remède que je prends en ce moment et qui agit fortement. Je lui impute toutes les dépressions dont je pourrais être victime.

J'ai écrit toute la semaine avec une infâme vieille plume, ce qui est excessivement peu galant, mais la faute en est aux plumes d'oie ; je l'ai retaillée ; malgré cela elle s'obstine à ne faire que des e fermés ! Toutefois, ces dernières lignes sont d'une bien meilleure calligraphie, bien qu'un peu défigu- rées par une tache de la gelée de cassis qui a égale- ment maculé une page du Ben Jonson qui est le plus beau volume que possède Brown ! — Je l'ai léchée ! mais elle demeure très pourpre 1 Faut-il dire " pourpre " ou " bleue " } Dans le doute, je mets '-^purplue "... ce qui me paraît le terme le plus approprié à une mixture de ces deux couleurs, et

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