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724 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pas neuves non plus. C'est à elles, pourtant, qu'il faut toujours revenir, car elles sont toujours méconnues ; c'est d'elles, c'est de leur souverain empire que dépendent la santé, la vitalité de notre art. Et M. Archer, en les exprimant avec force, en leur donnant une ample motivation, les doue en quelque sorte d'un accent révélateur.

Mais il faut lire ce livre tout entier ; il ne contient pas une ligne qui ne soit d'un intérêt passionnant pour l'auteur drama- tique. Il faut suivre M. William Archer dans tous les dévelop- pements de sa pensée. Elle ne traite pas seulement avec origi- nalité les grands lieux communs de la création dramatique. Elle soulève des questions avec lesquelles la plupart des écrivains de théâtre ne sont pas familiarisés. Elle invite à des réflexions qui, selon moi, offrent un intérêt capital. Et, pour terminer cet exposé, je ne résiste pas un plaisir de découper ici quelques citations importantes. Je le fais d'autant plus volontiers que, sur tous les points qu'il touche, je me sens en accord complet avec M. William Archer ; et que je me trouve confirmé par son texte dans quelques-unes des convictions auxquelles je suis le plus attaché.

Au chapitre quatrième, intitulé : The routine of composition, M. Archer envisage l'attitude du dramaturge à l'égard de sa matière ; quelle prise il exercera sur elle dès l'abord ; dans quelle mesure il permettra à sa volonté créatrice de régner sur un sujet ; dans quelle limite il laissera ses personnages, au con- traire, à mesure qu'ils prennent de l'existence, déformer, infléchir, refondre le dessin primitif de cette volonté. Mais laissons la parole au critique. Il écrit : " La grande leçon à tirer de la pratique d'Ibsen, c'est qu'une pièce doit être gardée fluide ou plastique aussi longtemps que possible, et qu'on ne doit pas la laisser se fixer immuablement, soit dans l'esprit de l'auteur, soit sur le papier, avant qu'elle n'ait eu le temps de se développer et de mûrir. Un bon nombre, sinon la plupart, des plus grandes inspirations personnelles d'Ibsen lui vinrent sous

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